L’expérience du miroir
La coiffeuse installe la couleur. J’ai hâte de voir le résultat, un mélange d’excitation et de curiosité.
Quand c’est terminé, je me regarde dans le miroir… et je ne ressens pas la joie espérée. C’est foncé. Trop foncé. Il me faut un moment pour m’acclimater. Mes cheveux ne sont pas encore assez longs pour le style que j’imaginais. Je suis déçue. Ce reflet ne correspond pas à l’image que j’avais en tête.
Mon mari aussi fait le saut en me voyant. Pendant plusieurs jours, je préfère ne pas trop me montrer. Ce n’est pas facile de changer, même quand ce changement part d’un désir de se faire du bien. C’est étonnant de voir à quel point notre apparence influence notre confiance, notre humeur, notre façon d’habiter notre corps.
Apprivoiser le changementAu fil des lavages, la couleur s’adoucit… ou peut-être est-ce moi qui m’adoucis. J’apprivoise ce nouveau visage, cette autre version de moi. Ce qui me semblait trop au début devient plus familier. Pas facile, le changement. Il vient souvent bousculer bien plus que ce qu’on croyait.
Je me rends compte de l’importance que je donne encore au regard des autres. Une partie de moi aimerait s’en libérer, mais une autre y reste attachée. Leurs mots me touchent : plusieurs me disent que ça me va bien, que ça me rajeunit, que la couleur de mes cheveux s’harmonise avec celle de mes lunettes. D’autres ajoutent qu’ils aimaient aussi mes cheveux blancs. J’écoute tout cela, et je sens à quel point ces reflets extérieurs nourrissent – ou ébranlent – mon rapport à moi-même.
Entre l’âme et le miroirAlors, qu’est-ce que j’apprends de cette expérience ?
Je réalise que vieillir ne veut pas dire cesser d’aimer la beauté. J’ai toujours aimé l’esthétique, les couleurs, la douceur d’un vêtement ou l’éclat d’une coupe de cheveux. Cela ne fait pas de moi une femme superficielle, mais une femme vivante, sensible à l’harmonie. Peut-être suis-je simplement un mélange de profondeur et de coquetterie — une alliance de l’âme et du miroir.
Changer de couleur m’a rappelé qu’à chaque transformation extérieure se cache un appel intérieur : celui d’oser être autrement, de me redéfinir, de me voir à nouveau. Mes cheveux blancs parlaient de maturité et de sagesse ; cette couleur plus foncée me ramène peut-être à la vitalité, à une énergie plus dense, plus ancrée.
Et si, au fond, le vrai changement n’était pas dans la couleur, mais dans le regard que je porte sur moi ?
Changer, c’est parfois simplement apprendre à se rencontrer autrement.
Invitation à la réflexionEt toi, comment vis-tu ces moments où ton image ne reflète plus exactement celle que tu croyais être ?
Qu’est-ce que ces transformations extérieures viennent réveiller en toi ?
« Le changement n’est jamais une perte, c’est une rencontre avec une autre facette de soi. »